vendredi, juillet 29, 2005

Hit Single : Faith Evans - Again

La plus belle chanson du moment ? Peut être. Une chose est certaine, Again est une petite merveille de soul moderne qui tourne en boucle chez moi depuis un petit moment. Si Faith Evans y narre ses tourments et mésaventures (drogues, arrestation, etc...) avec une simplicité et une honnêteté assez remarquable dans le genre (le clip la laisse apparaître telle que les photos de son arrestation pour detention de drogues l'avaient montrée), la production impeccable (assurée par les types qui entourent aussi Jill Scott) rend tout cela très poignant et la mélodie est plus qu'imparrable. Le reste de l'album New Faith est tout aussi recommandable avec une mention spéciale à son nouveau simple Mesmerised, plus classique, très funk et tout aussi bon. Bref, j'y reviendrai très certainement mais la période fourmille d'excellents disques soul (Teedra Moses, Leela James, etc...) et même si l'on n'attendait pas forcément grand chose de l'ex-madame Notorious Big, son nouvel album est une heureuse surprise.

New Faith (lp, USA, 2005)

jeudi, juillet 28, 2005

31 Songs

Ce livre de Nick Hornby n’est pas un roman et ce n’est certainement pas plus mal ainsi. Se contentant de délivrer son avis et ses impressions sur trente et une chansons qui ont marqué sa vie de mélomane accro à la pop music - en évitant tout de même quelques-uns de ses artistes fétiches sur lesquels il n’avoue ne pas avoir grand chose à dire si ce n’est qu’il les aime - l’anglais retrouve un ton et une fraîcheur un peu perdus en chemin depuis le retentissant et cultissime High Fidelity et ses tops aussi inutiles que jouissifs. Certes, Hornby n’échappe pas toujours au moralisme bon teint qui commence à le caractériser, l’age aidant, mais fait souvent preuve d’une drôlerie et d’une acuité vacharde au travers d’un sujet pas si futile comme il nous le fera comprendre. De la simplicité esthétique du hard rock (si ça fait du bruit, c’est que c’est du bon) en passant la réticence viscérale du petit blanc moyen à évaluer sur les dancefloors, 31 Songs délivre avec humour et subtilité le cheminement d’un petit Anglais mordu de musique qui va construire sa vie et ses échecs autour de sa (trop large) collection de disques. Et si Hornby semble aujourd’hui un peu largué pour parler des dernières vagues sonores (ne citer pour les plus récents que The Avalanches et 2 Many’s DJ ne relève pas d’une forte perspicacité), le livre comporte suffisamment d’anecdotes et de théories fumeuses et/ou hilarantes pour que chacun puisse y reconnaître les quelques petites manies acquises après de trop longues années d’écoute intensive de pop music.

Nick Hornby - 31 Songs (10-18, 2004, 200 pages, UK)

dimanche, juillet 24, 2005

Pete Rock is Not A Snitch

Parmi les producteurs fondamentaux du hip hop, Pete Rock demeure encore comme l’un des plus sous-estimés et méconnus. Collectionneur compulsif de vinyls et grand connaisseur de la musique black, celui-ci est l’auteur d’un des disques essentiels du genre réalisé en compagnie du MC CL Smooth, l’inépuisable Mecca And The Soul Brother en 1992 qui reprenait à son compte les leçons données un peu plus tôt par De La Soul ou Tribe Called Quest pour donner l’une des meilleures synthèses entre sampling jazzy et beat hip hop qui soit. La suite fut un peu moins heureuse et les aléas de contrats mal négociés conduisirent Pete Rock à rester dans un anonymat un peu incompréhensible pour un producteur de cette classe. Réhabilité il y a peu par plusieurs parutions sur l’excellent label BBE, Pete Rock voit enfin deux de ces disques, enterrés vivants à l’époque par sa maison de disque, refaire surface dans un coffret proprement indispensable. Center Of Attention et Original Baby Pa furent ainsi enregistrés juste à la suite de la dissolution du duo en compagnie de quelques obscurs MCs de New York. Le plus important n’est pas là. Les productions de Pete Rock sont sur ses deux disques d’une incroyable profondeur, construites par superposition de strates et de nappes sonores, assimilant les samples avec une légèreté absolue, prouvant à qui a encore la bêtise de ne pas en être convaincu que la richesse musicale du hip hop est loin de se limiter à du simple pompage. Soul Survivor 2, son tout dernier disque prouve rien qu’à son casting sa place à part dans le monde du hip hop. De RZA en passant par Slum Village ou encore Dead Prez, tous sont venus poser leur flow sur des productions réalisées sur mesure par le maître. Ce dernier démontre un immense talent à mettre en pleine valeur les aspirations de chacun de ses invités et fournit en prime ses premières collaborations depuis la séparation avec CL Smooth. Pete Rock, par la respiration qu’insuffle sa musique, les profondeurs soul insondables que distille son art du sampling rejoint par bien des aspects les préoccupations d’un Moodymann avec la house, célébrer les glorieux aînés du passé pour en retirer la sève d’un futur plus aventureux. La grande classe.

Nettement moins amusant, les tribulations du New Yorkais reportées ici, ou comment il est difficile d'échapper à son quartier même si c'est pour avoir l'honneur de ne pas se faire traiter de balance ...

Lost And Found / Soul Survivor (2 x lp, USA, 1996/2003 & 2004)

vendredi, juillet 22, 2005

Snuggy '69 '76

Ca se passe et c'est plutôt très drôle. Ou comment faire soit-même sa propre vidéo et faire chanter son propre chien.
Le dernier disque de Mark Everett n'est certes pas le chef d’œuvre dont il est sûrement capable. Après deux disques relativement anodins et un rien trop couillus pour les petites épaules de l'américain, Blinking Lights & Other Revelations trop long et trop riche voit néanmoins l'ex-futur-espoir-nouveau-Beck de Dreamworks revenir à plus d'ambition et surtout à ce qu'il sait le mieux faire, ces belles chansons désenchantées d'enfant effrayé par le noir. La lumière est fort heureusement toujours au bout du chemin chez Eels.
L'album regorge de suffisamment de bonnes chansons pour ne pas avoir à faire la fine bouche mais ne possède ni l'immédiateté pop de Daisies Of the Galaxy ou l'épure stylistique d'Electro-Shock Blues. On l'appréciera donc à sa juste valeur, une belle collection d'instantanés où E retrouve de temps à autres (et pour mon plus pur bonheur dois-je avouer) ses faux airs de Randy Newman du 21ème siècle, moins vachard, plus enclin à la sympathie pour le genre humain mais tout aussi désabusé. Lonely At The Top ?

Blinking Lights & Other Revelations (2 x lp, 2005, USA)

jeudi, juillet 21, 2005

American wilderness

Kenny Dixon Jr est une énigme et risque à ce rythme de bien le rester encore longtemps. Aucune interview, très peu de photos, le producteur préserve le mystère et refuse tout entretien, ce en particulier si la demande provient de journalistes blancs. Heureusement, ces disques parlent très bien pour lui et s'expriment sans ambiguïté. Avait-on en effet jusqu'à ici entendu une house si emprunte de mélancolie, de ferveur et d'engagement ailleurs que chez ce natif de Detroit marqué semble-t-il tout autant par les grands disques soul du début des années 70 que par l'esprit d'indépendance du label local de 'Mad' Mike Banks Underground Resistance. Sans nostalgie, celui-ci a pourtant changé pour beaucoup l'approche d'une musique qui, aussi belle soit-elle, s'attachait essentiellement à faire bouger les dancefloors. Chez Moodymann, cette notion est bien loin d'être négligée, comme sur ses maxis, mais celui-ci prend soin sur ses albums à gérer ce format long dans toute sa nécessité. Le dernier en date, Black Magahoni, prend pour base l'un de ses maxis dont une version frustrante figurait déjà sur Mahagony Brown en 1999. Ici, la version originale est restituée et vaut à elle-seule l'achat de ce disque. Une pièce ahurissante de plus d'un quart d'heure (scindée en plages 9 et 10) où dans une maestria de sons et de rythmes, Moodymann convoque le spectre de Curtis Mayfield, un flot de percussion ou encore une ligne mélodique d'orgue jazz en totale liberté, se jouant à merveille, au cours de breaks en apesanteur, de la frustration de l'auditeur condamné parfois à seulement sentir le souffle de la mélodie lui passer sur le cou. Une merveille. Ailleurs, le disque offre une sélection variée mais habitée de ce même esprit. La chanteuse Roberta Sweed, au timbre proche d'un Horace Andy, illumine les trois premiers titres entre jazz, funk, dub et house, prouvant que Dixon sait tout autant mettre en valeur ses interprètes qu'assurer une production sombre, raffinée et infiniment classieuse. Plus classique, I'm Doing Fine et Shades Of Jae restent deux autres pièces de choix déjà connues des amateurs puisque parues auparavant en maxis. Black Mahagoni, peut être son disque le plus abouti, pose un constat simple, alors que la nu-soul tente avec plus ou moins de bonheur de retrouver l'esprit des grands disques soul, Moodymann se l'est depuis déjà bien longtemps réapproprié en le projetant à lui tout seul dans le futur.

Kenny Dixon a depuis sorti une suite tout aussi recommandable (très justement appelée Black Mahogani II) à son chef d’œuvre. Quatre titres entre rêveries jazz-techno et soul, parfois loin de la house qui l'a fait connaître mais toujours aussi habitées.

Black Mahogani & Black Mahogani II (2 x lp, 2004, USA)

mercredi, juillet 20, 2005

Birth of a beat .... EPMD - Unfinished Business

Naissance du beat. Façon de parler ou presque puisque ce deuxième disque d’EPMD (que je (re)découvre avidement ces jours-ci) est une merveille de production qui n'a presque pas pris une ride malgré ses 15 ans d'age. Fréquemment oublié dans les palmarès des groupes pionniers du genre, EPMD (qui signifie littéralement Erick & Parrish Making Dollars, le message est clair) n’en reste pas moins l’un des plus essentiels (à mon sens). Chaînon manquant parfait entre les premières heures d’insouciance – les thèmes tournent ici très souvent autour de la simple provoc’ ou de l’appel à la fête (It’s Time To Party) – et l’âge de raison qui surviendra dans la première partie des années 90 (avant la future gueule de bois…), les productions d’Erick Sermon et de Parrish Smith sont parmi les plus impressionnantes que l’on peut entendre de l’époque. So Wat Cha Sayin' et son beat entre Miami Bass et electro minimaliste, le flow aussi dédaigneux et chaleureux qu'un dealer de crack en pleine transaction, pourrait tourner en boucle pendant des heures sans ne jamais lasser (pour la petite histoire, ce beat sera réutilisé un peu plus tard par Ice Cube sur son célèbre Jackin’ For Beats qui porte plutôt bien son nom et où ce dernier s’amuse à chaque couplet à repiquer les meilleures rythmiques de l’époque, indispensable tout comme le ep Kill At Will sur lequel on peut le trouver). Pionniers plus violents du Gangsta naissant, la carrière des deux compères ne s’arrêtera pas à ce coup de maître et Erick Sermon (en particulier) a ces dernières années sorti quelques disques fort recommandables et aux productions très soignées (Music tout particulièrement, entre hommage à Marvin Gaye et réappropriation du son Gangsta qu'il était parmi les premiers à avoir popularisé, bien avant que Dr Dre en fasse le son des années 90).

Unfinished Business (lp, 1989, USA)