jeudi, septembre 08, 2005

Pop en chambre

Petit retour en arrière avec une chronique rédigée l'an passé. L'un des disques fut l'un de mes préférés de l'année 2004, je vous laisse deviner lequel.

Il est des comparaisons qui paraissent évidentes pour beaucoup mais qui hélas ne servent pas toujours les artistes qu’elles intéressent. Prenez Neil Hannon et Stephen Merritt. A première écoute, ces deux petits maîtres és-pop pratiquent un chant très proche, mélange subtil de détachement et d’envolée au lyrisme suranné, un même amour pour une pop précieuse et pastorale, non dénuée d’humour, qui puise son inspiration dans les grands maîtres des années 60. Cela posé, et hélas pour le petit irlandais, qui contrairement à son homologue américain a certes eu la malchance de sortir son tout meilleur disque en premier, l’écoute de leurs deux derniers disques respectifs ne joue vraiment pas en la faveur de ce dernier. Là où bien sûr Neil Hannon a enfin compris qu’il se devait de revenir à une plus grande simplicité et d’oublier sa petite fixation sur Jacques Brel et Scott Walker, deux artistes décidément trop bigger than life pour lui, Absent Friends, même s’il réjouira ceux qui attendait depuis longtemps une suite digne au toujours magnifique Liberation hériteront d’un disque plus proche de Promenade, son deuxième effort un peu trop emphatique mais plutôt réussi. De son coté, Stephen Merritt, après l’improbable challenge de 69 Love Songs, revient avec un disque certes plus concis et moins dispersé, mais fait néanmoins, sur cet énigmatique i, preuve d’une palette de couleurs et d’inspirations qui le rende décidément plus fascinant. En ouverture, I Die et I Don’t Believe You figurent à ce titre comme les chansons que Neil Hannon n’arrive plus à écrire aujourd’hui, plus loin I’m Tongue Tied rappelle la désinvolture ironique du grand Randy Newman et I'm An operetta et Infinitely Late At Night pratiquent la même mélancolie raffinée qu'un Rufus Wainwright, de la grande chanson américaine en passant par la sunshine pop où encore l’electro-pop eighties sucrée (l'imparrable I Though You Were My Boyfriend), Merritt fait preuve d’un songwriting infaillible, capable de toutes les audaces et toujours prêt à aller se mesurer à l’aura de ses héros sur leurs propres terrains. Au final, si Absent Friends demeure bien la plus belle réussite de Divine Comedy depuis le flamboyant Casanova, la dernière fantaisie des Magnetic Fields et de leur leader couvre une plus large gamme de sons, couleurs et sentiments qui ne peuvent que forcer l’admiration pour cet auteur qui, par son habileté et sa plénitude mélodique, semble avoir atteint la pleine maîtrise de ses talents d’écriture.

En petit cadeau, une floppée de reprises des Magnetic Fields que l'on pourra trouver ici (j'imagine pour pas très longtemps, dépechez vous donc). A écouter en priorité, la réappropriation baggy-electro de Take Ecstasy With Me par !!!, probablement l'un des singles de l'année par chez moi.

The Magnetic Fields - i (lp, 2004, USA)
The Divine Comedy - Absent Friends (lp, 2004, Irl)