mardi, août 02, 2005

Nouvelle merveille

Retour en arrière sur l'année précédente. Jay-Z aura réalisé un joli coup avec The Black Album, son prétendu dernier album. Non-content de signer l’un de ses meilleurs disques - dans le style qu’on lui connaît, un peu besogneux mais reconnaissons-le, le bonhomme a su tout au long de sa carrière très bien s’entourer - celui-ci a aussi diffusé gracieusement les parties entièrement acapella des quatorze titres, fournissant ainsi matière à qui voulait en réaliser son propre bootleg. Une excellente idée que plusieurs producteurs se sont aussitôt appropriés pour des résultats plus (Danger Mouse avec les Beatles) ou moins (les piteux mixes de Pavement ou Weezer disponibles sur le net) convaincants mais qui ont enfin fait retransparaître cette petite idée de liberté qui caractérisait les débuts du genre, quand le moindre sample ne risquait pas de coûter à son emprunteur l’ensemble de ses royalties. Parmi les producteurs qui figuraient au générique officiel de l’album, le jeune 9th Wonder représentait à plus d’un titre la figure emblématique de cette nouvelle fantaisie. Ce dernier avait en effet lancé l’idée bien avant tout le monde en remixant dans sa totalité le God’s Son de Nas (rebaptisé pour l’occasion God’s Stepson). Lui y adjoignant la touche soulful qui faisait si cruellement défaut à l’original, il réalisait ainsi, dans un presque total anonymat, la suite la plus digne qui soit à l’inégalable Illmatic. Nas ne s'y trompa pas et l'invita à retravailler certains de ses titres par la suite. Dans un style proche d’un Pete Rock ou de The Ummah, 9th Wonder puise ses samples essentiellement dans la soul luxuriante et engagée des années 70 et les explose par la suite à un cut-up millimétré mais totalement jouissif et habité. Back Is Black est sa propre version du Black Album et avouons-le, il ne sera pas difficile, cette fois-ci encore, de la préférer à l’originale. Bien loin des petits amusements d’un Danger Mouse, 9th Wonder poursuit dans son propre style, complètement hip hop, en digne héritier des grands producteurs du début des 90’s, il entretient une culture du sampling franchement réjouissante et parvient, chose rare, a insufflé à ses productions ce surcroît d’âme qui fait de lui l’un des plus excitants du moment. Fort Heureusement, si les deux disques précités restent encore difficiles à se procurer (et pour cause, la liste des samples rendrait folle de rage la moindre maison de disques), les talents de 9th Wonders peuvent aussi être appréciés sur d’autres projets plus largement diffusés comme le dernier disque du Mc Murs (3:16 : The 9th Edition) ou encore l’album de Little Brother (The Listening), deux disques tout aussi fortement recommandés. 9th Wonder a depuis réalisé d'autres merveilles dont j'aurais l'occasion de vous parler ...

God’s Stepson/Back Is Black (2 x lp, USA, 2003 & 2004)